Que sont les écosystèmes à carbone bleu ?
Les herbiers marins sont présents sur le littoral de tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. Ce sont des plantes à fleurs immergées avec des racines profondes. Les écosystèmes d’herbiers marins peuvent séquestrer d’importantes quantités de carbone et les stocker sous forme de carbone organique dans les sédiments pendant de longues périodes, ce qui en fait l’un des puits de carbone naturels les plus importants à l’échelle mondiale. Le carbone bleu fait référence à l’élimination du dioxyde de carbone de l’atmosphère par les écosystèmes océaniques de la planète. Le carbone qui s’accumule au fil du temps dans les herbiers marins est principalement stocké dans les sols, 50 à 99 % du carbone bleu côtier étant stocké dans les sols sous terre. Ces accumulations ont été mesurées jusqu’à quatre mètres de profondeur et restent en place pendant de longues périodes (jusqu’à des millénaires).
Les herbiers marins représentent une proportion minime des océans de la planète (moins de 0,2 %), mais ils séquestrent chaque année environ 10 % du carbone enfoui dans les sédiments océaniques, soit 27,4 Tg de carbone par an. Par rapport aux forêts terrestres, les herbiers marins peuvent stocker jusqu’à deux fois plus de carbone par hectare. Selon les estimations actuelles, le réservoir de carbone organique de l’écosystème des herbiers marins pourrait s’élever à 19,9 milliards de tonnes métriques. Outre la séquestration du carbone, les herbiers marins jouent un rôle fondamental dans la protection des écosystèmes côtiers contre l’érosion, les inondations et les tempêtes. Ils construisent et fixent constamment des sédiments en filtrant les sédiments et autres nutriments présents dans l’eau. Les herbiers marins constituent également un habitat important pour les pêcheries et de nombreuses espèces phares, notamment les lamantins et les tortues de mer.
Cependant, malgré leur importance, environ 29 % des écosystèmes d’herbiers marins de la planète ont disparu au niveau mondial. Avec des pertes annuelles globales d’environ 1,5 %, ils font partie des écosystèmes les plus menacés au monde ; ce taux a augmenté au cours des dernières décennies. Ces pertes sont dues à des menaces importantes, notamment la déforestation et le dragage, qui dégradent la qualité de l’eau en raison d’une mauvaise utilisation des sols. Parmi les autres facteurs de conversion et de dégradation figurent l’aquaculture, le développement urbain et industriel des côtes, ainsi que les sources de pollution marines et terrestres. Bien que les causes puissent varier, elles sont toutes liées aux activités humaines. Le changement climatique demeurant une menace, ces effets devraient s’intensifier.
Contribution des écosystèmes à carbone bleu
Lorsque les herbiers marins sont dégradés, convertis à d’autres utilisations des sols ou perdus, le carbone bleu stocké dans le sol est exposé et libéré dans l’atmosphère et/ou l’océan sous forme de CO2. La disparition des écosystèmes d’herbiers marins pourrait entraîner l’émission annuelle de 0,15 à 1,02 milliard de tonnes de CO2. Les herbiers marins, combinés aux mangroves et aux marais intertidaux, ont une superficie globale qui équivaut à seulement 2 à 6 % de la superficie totale des forêts tropicales, mais la dégradation de ces écosystèmes est responsable de 3 à 19 % des émissions de carbone dues à la déforestation dans le monde. Une étude récente a comparé les émissions résultant de la perte annuelle de ces écosystèmes à carbone bleu aux émissions annuelles de CO2 dues aux combustibles fossiles au Royaume-Uni. Actuellement, les émissions du Royaume-Uni sont classées au9e rang mondial.
Coût-efficacité des écosystèmes à carbone bleu
Des efforts ont été déployés à l’échelle mondiale pour conserver et restaurer les écosystèmes côtiers en élaborant et en mettant en œuvre diverses politiques, stratégies de gestion des côtes et outils. La gestion de ces réserves de carbone bleu contribue également à l’atténuation du changement climatique, c’est pourquoi leur conservation est fondamentale. Bien que des efforts aient été accomplis, d’autres actions sont encore nécessaires. La conservation des écosystèmes côtiers pour leur potentiel de stockage et/ou de séquestration du carbone bleu génère un revenu comparable (et potentiellement supérieur) à celui de nombreuses causes majeures de conversion ou de dégradation.
Le projet « Bermuda Seagrass » (herbes marines des Bermudes)
Climate Wise fait partie d’une initiative publique-privée visant à restaurer les herbiers marins et le micro-écosystème autour des Bermudes. Cette restauration présente de nombreux avantages, notamment la création d’un projet de séquestration du carbone, la fourniture d’un habitat essentiel pour la faune et la flore, une expérience éducative unique, la création d’une opportunité touristique unique et un test pour la repousse de l’herbe marine et le repeuplement d’un microclimat. Le ministère de l’environnement et des ressources naturelles du gouvernement des Bermudes a conçu des cages pour protéger les herbiers marins pendant leur rétablissement. Avec un test de 64 cages déployées, le déploiement de 354 cages dans le cadre de notre projet Bermuda Seagrass est maintenant planifié.
De nombreux avantages en découleront pour l’industrie touristique des Bermudes, notamment des avantages à long terme tels que la protection et la préservation des paysages marins emblématiques et des avantages à court terme tels que le tourisme éducatif en offrant des possibilités de participer aux travaux de restauration. L’économie bénéficiera également de la restauration des ressources, du soutien des entreprises locales et de l’établissement d’un rôle de chef de file dans le domaine de l’enseignement. L’éducation sur un paysage critique et précieux sera également assurée, et la science sera étudiée sur l’impact spécifique du type d’herbier marin aux Bermudes. Ce projet, avec ses multiples avantages, est un exemple des scénarios gagnant/gagnant/gagnant sur lesquels Climate Wise se concentre lorsqu’il soutient des projets – en soutenant l’environnement, les communautés locales et les entreprises qui soutiennent les projets.
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