La température de la Terre augmente d’environ 0,32° F (0,18° C) par décennie. Nous avons connu les sept années les plus chaudes depuis 2015, et il y a 11 % de chances que 2022 figure parmi les cinq premières. Si le réchauffement climatique se poursuit à son rythme actuel, une nouvelle analyse indique que nous risquons de franchir six points de basculement climatiques « dangereux ». De nombreux titres ont mis en garde contre cette menace potentielle, mais quelles sont les conséquences d’un dépassement de 1,5 °C et du déclenchement de ces points de basculement climatiques ?
Tout d’abord, atteindre ce point constituerait une urgence climatique. Un point de basculement climatique est un seuil où un petit changement peut complètement modifier l’état du système. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a introduit le terme pour la première fois afin d’expliquer les changements significatifs irréversibles que subissent les systèmes de la Terre lorsqu’un point est franchi, et la dégradation continue en dépit des facteurs externes. Même si le réchauffement ne se poursuivait pas, une cascade irréversible a été déclenchée, qui ne peut être annulée, et l’effondrement est inéluctable. Il n’y aura aucune possibilité d’atténuation, nous devrons simplement nous adapter au nouvel état. Alors que la Terre continue de se réchauffer, nous risquons continuellement de déclencher ces points de basculement.
Quels sont les six points de basculement ?
Effondrement de l’inlandsis de l’Antarctique occidental
La calotte glaciaire de l’Antarctique occidental se désintègre rapidement. On s’attend à ce que ce point soit franchi au cours de ce siècle, et tout porte à croire qu’il a commencé à l’être en 2014. L’effondrement total du glacier entraînerait une élévation du niveau de la mer de 16 pieds, mais cela ne se produira que dans quelques centaines d’années. Le glacier est vulnérable à une rupture rapide, à un amincissement et à un recul, car le fond du glacier se trouve sous le niveau de la mer, de sorte que les eaux chaudes peuvent faire fondre la glace.
Effondrement de la calotte glaciaire du Groenland
Le Groenland pourrait également devenir libre de glace à mesure que l’Arctique se réchauffe. Il est probable que la perte de glace du Groenland atteindra son point d’inflexion au cours de ce siècle, mais la transition complète prendra quelques siècles. Si ce point de basculement climatique est déclenché, la fonte des glaces fera monter le niveau des mers de 20 pieds. L’élévation du niveau de la mer menace un tiers des 30 plus grandes villes du monde, qui abritent environ 1,8 milliard de personnes.
Effondrement de la circulation océanique dans la région polaire de l’Atlantique Nord
La mer de Beaufort est un réservoir important pour la reconstitution de la glace de mer arctique. Le tourbillon de Beaufort est le courant océanique dominant de la mer de Beaufort et le plus grand réservoir d’eau douce de l’océan Arctique. Au cours des 20 dernières années, sa teneur en eau douce a augmenté de 40 %, ce qui menace les modèles climatiques mondiaux. Le processus nécessite l’enfoncement d’eau dense et se déroule dans les parties profondes de la mer. Avec le changement climatique, l’eau douce dilue l’eau de mer salée en raison de la fonte des glaces et de l’augmentation des précipitations, et la réchauffe. L’eau est moins capable de s’enfoncer car elle est plus légère, ce qui ralentit le schéma de circulation et perturbe l’équilibre climatique délicat qui dicte le climat mondial.
Dépérissement des récifs coralliens en basse altitude
Les récifs coralliens se dégradent à un rythme alarmant, ce qui a amené une étude récente à suggérer qu’une fois le point de basculement franchi, les récifs coralliens pourraient complètement disparaître dans 15 ans. En fonction de l’intensité des facteurs externes tels que le changement climatique, la surpêche et l’acidification des océans, la couverture corallienne pourrait disparaître complètement d’ici 2035. La transition a été déclenchée par une vague de chaleur marine en 2016, mais il est encore temps de sauver les coraux restants. Les conséquences de la disparition des récifs coralliens seraient dévastatrices : « Bien qu’ils couvrent moins de 0,1 % du fond des océans, les récifs abritent plus d’un quart de toutes les espèces de poissons marins », indique l’UICN.
Dégel soudain du pergélisol dans les régions septentrionales
Avec l’augmentation des températures mondiales, le risque de dégel du pergélisol s’accroît. Les microbes qui hibernent dans le sol seront libérés, ce qui leur permettra de décomposer le carbone organique du sol, libérant ainsi du dioxyde de carbone et du méthane dans l’atmosphère, ce qui accentuera le réchauffement. Le dégel rapide pourrait être renforcé ou déclenché par des événements tels que l’affaissement du sol ou les incendies. Le carbone stocké dans le pergélisol s’est accumulé sur de vastes périodes de temps, sa perte est irréversible et il n’y a aucun moyen de le récupérer.
Perte brutale de glace de mer dans la mer de Barents
La fonte des glaces de l’Arctique en été est considérée par beaucoup comme l’une des plus grandes menaces, et plusieurs scientifiques pensent que nous avons déjà franchi ce point de basculement. À mesure que l’Arctique se réchauffe et que la glace fond, l’eau sombre de l’océan absorbe davantage de lumière solaire que la glace, ce qui accélère l’augmentation des températures, poursuit le cycle de réchauffement et entraîne la fonte de la glace restante dans une boucle de rétroaction positive. Un été arctique sans glace pourrait survenir dans quelques décennies en raison du réchauffement rapide de la planète. Les conséquences seront mondiales, et tout un écosystème sera perturbé.
Si la température dépasse 1,5 °C, d’autres points de basculement climatiques pourraient être franchis, ce qui modifierait encore la planète telle que nous la connaissons. Par exemple, le dépérissement de la forêt amazonienne et l’effondrement de la calotte glaciaire de l’Antarctique de l’Est. Selon le Climate Action Tracker, même si nous nous engageons dans une action climatique significative et efficace, la Terre connaîtra toujours un réchauffement moyen de 1,8°C.
L’homme est à l’origine de ces changements et du réchauffement actuel de la planète. Il nous appartient donc d’empêcher ces « tuyaux » de se produire et de réduire l’ampleur du réchauffement climatique.