En 2015, 196 parties ont signé un traité international juridiquement contraignant sur le changement climatique. L’accord de Paris s’est fixé pour objectif de limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 degrés Celsius, et idéalement à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Il est essentiel de limiter le réchauffement pour éviter les pires conséquences du changement climatique, notamment l’élévation du niveau des mers et l’augmentation de la gravité et de la fréquence des vagues de chaleur, entre autres phénomènes météorologiques extrêmes. Huit ans plus tard, des études indiquent qu’il est très probable que nous dépassions le seuil de 1,5 degré Celsius.
Des scientifiques de l’Agence américaine de protection de l’environnement et du Pacific Northwest National Laboratory du ministère de l’Énergie ont mené de nouvelles recherches soulignant que les engagements actuels en matière de climat mondial ne permettront pas d’atteindre les objectifs énoncés dans l’Accord de Paris, ce qui nous conduira à dépasser la limite. Si nous voulons réduire l’ampleur du réchauffement climatique, les pays doivent adopter des engagements plus ambitieux en matière de climat tout en s’efforçant de décarboniser plus rapidement leurs économies. Toutes les actions doivent viser à limiter la durée de réchauffement de la planète.
Si le dépassement des objectifs de l’Accord de Paris semble inévitable, dans le cadre de leurs recherches, ils démontrent plusieurs parcours potentiels où la période de dépassement est raccourcie de manière significative. Nous devons limiter le temps que la planète passe au-dessus de la limite de 1,5 degré et la faire redescendre aussi vite que possible. Plus nous parviendrons à faire baisser rapidement la température de la planète, moins nous risquerons de subir les effets les plus néfastes du réchauffement climatique. Si les pays ne se concentrent pas sur la fixation d’objectifs plus ambitieux et ne font pas davantage pour la planète, nous pourrions être confrontés à des conséquences irréversibles non seulement pour les systèmes naturels, mais aussi pour les systèmes humains. Les délais pour les engagements en faveur d’une consommation nette nulle doivent être avancés et la décarbonisation doit être plus rapide.
Le temps est le facteur le plus crucial ici ; nous devons agir de toute urgence. Nous devons faire passer la barre des 2 degrés à 1,5 degré Celsius. Les engagements pris lors des COP26 et COP27 ne sont pas suffisants, car rien ne garantit qu’ils permettront de limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés Celsius. Nous ne pouvons pas attendre une nouvelle COP, les pays doivent surveiller activement leur impact sur la planète. L’accent doit être mis sur la limitation du dépassement.
L’étude examine 27 trajectoires d’émissions, en envisageant différentes lignes d’action et les résultats suivants. La trajectoire la plus ambitieuse prévoyait que l’objectif zéro net pourrait être atteint d’ici 2057. Cela nécessiterait des transformations rapides de nos systèmes énergétiques à l’échelle mondiale et un développement considérable du piégeage et du stockage du carbone, parallèlement aux technologies à faible teneur en carbone. Les technologies telles que les voitures électriques et les énergies renouvelables sont importantes pour parvenir à une situation nette zéro, mais les chercheurs soulignent également l’importance des technologies d’élimination du carbone. En revanche, si les pays suivent un taux de décarbonisation minimum de 2 %, le taux net zéro ne sera pas atteint au cours de ce siècle.
Nous sommes sur le point de dépasser un seuil climatique critique. L’intelligence artificielle a prédit qu’il est probable que nous dépasserons 1,5 degré de réchauffement au cours de la prochaine décennie et 2 degrés au milieu du siècle. Le modèle a révélé qu’il y a près de 70 % de chances que le seuil de 2 degrés soit dépassé entre 2044 et 2065, malgré une baisse rapide des émissions. Nous avons la preuve de l’impact d’un réchauffement d’un degré Celsius, nous en avons tous fait l’expérience d’une manière ou d’une autre, qu’il s’agisse d’une vague de chaleur, d’une inondation ou d’un autre effet négatif. À mesure que la planète se réchauffe, ces effets vont devenir plus fréquents et plus graves.
Même si nous risquons de dépasser les seuils fixés pour le réchauffement climatique, nous pouvons limiter la durée de cette période de dépassement. Ce qu’il faut retenir, c’est que nous devons nous efforcer de prendre des mesures climatiques plus ambitieuses avant qu’il ne soit trop tard.